Montrer l’unité de la vie partout où elle se révèle, que ce soit dans le tangible, le sensible ou l’intelligible, tel est l’objectif de ce livre. L’homme a une tendance naturelle à analyser, donc à diviser. Sa vision du monde est anthropocentrique et non holistique. Enfermé dans sa boite crânienne, noyé dans le flot d’informations qui l’entourent, son cerveau est bien trop petit pour appréhender la cohésion de l’ensemble, d’où l’erreur de ses perceptions et de ses raisonnements. Personne ne saurait cependant nier que, dans notre monde terrestre, l’analyse a son importance. Toutefois, ce sens de la découpe ne devrait être exercé qu’à la condition impérative d’être replacé aussitôt dans une synthèse. Seule cette vision cohérente est source de vie. Sans elle, l’homme profane est semblable à Seth qui, après avoir tué son père Osiris, le découpa en morceaux avant de les éparpiller dans le Nil. Or, si Seth est le démembreur, Horus, cet autre fils d’Isis et d’Osiris, est le remembreur, symbole du travail de l’homme spirituel dont la quête est de retrouver un à un, noyés dans le fleuve dieu du temps qui s’écoule, les segments du corps paternel déchiqueté, afin de le reconstituer, autrement dit : le ressusciter. Que les anciens savaient bien conter !
Comprendre le monde, dit-on avec juste raison, c’est acquérir la capacité de le transformer. On le constate tous les jours au vu des résultats de cette soif de savoir qui emporte l’homme dans les mille et un supplices d’une existence infernale liée aux conséquences d’une utilisation inconsidérée de ses capacités cognitives. Surtout aujourd’hui où l’ivresse de ses connaissances est en train de le prendre de vitesse. Si donc la vision unitaire de l’ensemble est perdue, quelle valeur peut-on donner aux sciences issues des perceptions fragmentées du mental humain et à leurs disciplines cloisonnées, source de tous les dangers ? C’est la raison pour laquelle leurs applications issues de la segmentation des recherches, elles-mêmes divorcées d’une nature devenue un objet extérieur, ont toujours une influence sur l’environnement et amènent à la longue, malgré la promesse non tenue de lendemains qui chantent, plus de problèmes qu’elles n’en ont résolu. Entendons-nous bien : la science n’est ni bonne ni mauvaise. En soi, la connaissance est pure. C’est la manière dont notre intellect s’en nourrit et le maniement qu’il en fait qui en détermine la valeur, devenant ainsi coresponsable de son intelligence ou de sa bêtise. Autrement dit, c’est l’absorption dans notre cerveau « des fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal » -donc de ses productions intelligentielles comestibles (toujours ambivalentes) dont notre esprit se nourrit comme du résultat de nos réflexions- qui, ouvrant nos yeux à la connaissance des lois de création, font de nous des dieux, entendez des êtres doués d’une puissance créative semblable à l’Être Créateur (relire le chapitre 3 du livre de la Genèse). Des dieux, oui, mais des dieux mortels. Et cela change tout ! L’interdiction n’était pas de s’en approcher mais d’en manger le fruit brut, de manière sauvage et solitaire, sans une préparation adéquate sous la surveillance de l’Esprit Eternel qui l’a planté « en connaissance de cause ». Qu’on le veuille ou non, il fait partie de notre paysage puisqu’il trône au centre de nos méninges cardiaques. L’homme n’a pas et n’aura jamais la science infuse (1) de manière complète car sa condition terrestre le chasse loin de cet arbre qui jouxte l’arbre de vie jusqu’à fusionner avec lui. Heureusement, car elle procurerait à l’homme le contrôle absolu de la nature. Sa prétention de déchiffrer et de comprendre la marche de l’univers et sa propre destinée est illusoire. Il attrape certes des bribes du réel et, comme le ferait un enfant immature, joue avec. Les découvertes sont une chose, leurs applications en sont une autre. Si l’homme avait une conscience globale du vivant et non des regards spécialisés (le plus souvent intéressés), la plupart de ses inventions ne pourraient voir le jour. Il ne se placerait pas ainsi à chaque fois au centre d’un carrefour dangereux. Il est normal en soi de rechercher des informations, d’acquérir des connaissances et de s’en servir dans le quotidien. Personne ne saurait décemment le nier. A condition toutefois de ne pas aboutir à des résultats destructeurs car le pouvoir mental de l’homme est si grand, et même démesuré par rapport aux autres règnes, que les limites raisonnables de ses applications technologiques (et autres) sont vite atteintes et peuvent, hélas, devenir mortelles. Heureusement que les mirages du progrès issu de l’idéologie scientifique et de sa toute puissance commencent à prendre un sérieux coup dans l’aile et n’exercent plus la même séduction depuis que l’humanité en mesure les retombées négatives au vu des bavures que sont les pollutions de toutes sortes.
Le fonctionnement scientifique procédant par tâtonnements et réajustement successifs, les auteurs de ses théories démentent la plupart du temps ce qu’ils ont affirmé hier. Les dogmes anciens étant déboulonnés de leur piédestal après une vie plus ou moins longue, la science est donc une suite d’erreurs rectifiées. Pour le monde scientifique, la notion de vérité est, on le sait depuis longtemps, fluctuante et rarement définitive. Il passe son temps à l’étudier et à la chercher à travers une foule de disciplines éclatées sans jamais la comprendre dans son unité. Procéder de cette manière est un gouffre sans fin où la raison se perd …sans jamais se retrouver. En contrepartie, connaître le monde qui nous habite, percer d’un regard acéré les voiles qui nous dérobent les replis secrets de l’esprit et de l’âme, est la promesse d’une transformation, si tout du moins nous avons l’intention de nous en servir de manière «réfléchie» dans une écoute totale de notre intériorité.
Ce livre n’est pas contre l’homme, ce Phaéton orgueilleux qui conduit de manière désordonnée le char du soleil et que Zeus est obligé de foudroyer à chaque fin de cycle pour éviter la destruction de l’univers. Au contraire, il a été écrit pour lui, surtout pour ceux qui ont encore un brin d’âme toujours prête à vibrer à tout ce qui touche à la vraie vie, et non à son ersatz actuel. Il est pour les sincères, même s’ils croient encore se sauver seuls parce qu’ils n’ont pas saisi que le véritable salut est collectif (2). Il est contre tous les systèmes politiques, économiques, scientifiques et religieux qui, dénaturés de leur noble fonction, prétendent vouloir le bien des êtres humains en leur promettant toujours plus de liberté, d’éducation, de santé, de bonheur, de biens matériels, de connaissances, de culture et de paradis post mortem (la liste des promesses est longue !), bref un monde meilleur remis toujours au lendemain, alors qu’ils accumulent sur leurs têtes une montagne de problèmes tout en les enfermant dans une existence rétrécie à tous les niveaux.
Nous parlerons de Dieu, mais non à la manière des religions de notre époque qui en ont fait quelqu’un d’inaccessible et de mystérieux (comme si le mystère (3) aidait les hommes à résoudre leurs problèmes !). Nous parlerons de Lui sans coquetterie intellectuelle mais animé par un seul souci : la vérité, l’universelle vérité. Nous parlerons donc du Dieu qui a créé les hommes à son image et non du Dieu que les hommes ont fait à la leur. Mais qui donc est ce Dieu en qui les hommes croient alors qu’il serait tellement préférable d’en connaître l’Être et les essences ? Et qui donc est cet homme qui se prend pour Dieu sans comprendre les rapports exacts qu’il a avec son universalité, donc avec lui-même et le reste de la création ? Une petite voix, sans doute celle de la raison, nous a susurré que c’était à chacun de balayer ses illusions devant la porte de son esprit. Ce dont nous sommes sûrs, c’est que ceux qui seront prêts, s’empareront sans hésiter du balais et de la pelle que leur fournira ce livre pour purifier leurs idées reçues, celles qui, mal assises mais bien rassises, encombrent et alourdissent leur intelligence jusqu’à paralyser chez eux tout raisonnement sensé et toute action juste. Encore faut-il, pour s’arracher aux illusions qui nous entravent et être véritablement au monde, un immense désir de renouvellement doublé d’un amour de la vérité poussé à feu vif.
Oui, être libre, libre de repenser le monde «simplement » en le regardant vivre sans œillères, sur l’appui inébranlable de ce plan subtil qui engendre les puissantes vagues de la vie. Son nom ? La Vierge Mère, la Rosace Universelle, la Grande Mère, la Mère Divine, l’Océan Universel, la Grande Âme, et en un mot pour tous, le Ciel qui, dans la pureté originelle de ses énergies, donne à l’Être le déploiement dans son grand et son petit mouvement.
Voilà, le ton est donné. Entamons l’hymne à la vie en passant à la loupe la manière dont l’homme interprète d’une voix de faussé la partition de ce merveilleux chant où, partout, triomphe l’amour.
Note 1- De l’avis même des scientifiques, la science de l’homme n’est pas une vérité définitive. Elle se veut simplement cohérente avec l’ensemble des données qu’elle posséde à un moment déterminé. En perpétuelle évolution, elle est donc constament remise en cause. De toutes façons, le traitement de l’information que les savants receuillent de leurs recherches analytiques aboutira toujours à quelque chose d’incomplet (quant à l’ordre du monde) parce que la vision de l’homme est microcosmiquent autocentrée. La fourmi peut-elle comprendre et concevoir la vie de l’éléphant qui passe à côté d’elle sans la voir ?
Note 2- Pour nous le terme « collectif » désigne une communauté d’êtres ou d’âmes unis par des attaches matérielles ou des affinités psychiques, ou encore par une même identité spirituelle. Surtout ne pas réduire le sens de ce mot uniquement à une dimmension terrestre ; seul le contexte donnera la hauteur exacte de sa désignation. L’appel des religions est de rattacher solidement son âme à un groupe céleste comme son corps à un groupe terrestre. La chaîne est à la fois verticale et horizontale. Si donc l’individu est la cellule, le groupe est l’organe (collection de cellules) et l’universel le corps en tant que tout. Le collectif est organisé en secteurs, c’est la partie dans le tout, alors que l’universel est partout, unifiant ainsi les secteurs. C’est l’Un.
Note 3- Parler de mystère et de miracle comme de hasard, c’est afficher aux yeux du monde sa méconnaissance des lois de la vie. C’est donc avouer son ignorance. Quelle tristesse pour ceux qui se prétendent être des conducteurs spirituels ! Au royaume des aveugles, les borgnes ne sont-ils pas encore et toujours des rois ?
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