Cet ouvrage est imposant (747 pages). Nous en avons choisi et extrait quelques passages qui donnent le ton général.
A propos de l’ECOLOGIE SPIRITUELLE
« Il y a deux sortes d’écologie, toutes deux faisant partie de ce que nous nommons en spirituel «l’école du logis » :
– l’écologie du monde de la surface qui s’intéresse à la relation homme/ nature matérielle et à leur harmonisation,
– l’écologie profonde, donc spirituelle, qui se préoccupe de la vie sur tous les plans de l’Être dans leurs rapports respectifs. Elle nous parle (logos) d’un salut qui ne se réalise qu’au sein d’un collectif branché sur l’universel auquel les individualités doivent impérativement se raccrocher.
La véritable écologie met en relation d’amour et de respect les fragments du Vivant entre eux. Qu’est ce que l’écologie spirituelle si ce n’est la compréhension verticale de ces liens au plan le plus élevé et l’écologie matérielle la science et son héritage idéologique qui poussent l’homme à mettre en pratique des relations horizontales intelligentes entre les êtres et leur environnement ? Même si le terme a été inventé il y a à peu près un siècle par le zoologiste allemand Ernst Heinrich Haeckel (1834-1919), l’écologie est très ancienne. Les peuples bien guidés l’ont toujours pratiquée par raison, par amour et par nécessité. Notre civilisation semble la redécouvrir juste avant d’expirer. Il était temps !
L’écologie, telle que le monde moderne la conçoit, est la protection de l’environnement naturel. Ce n’est pourtant que la face émergée de l’iceberg puisqu’elle se situe dans le domaine des faits et non des causes, les pollutions matérielles ayant toujours trouvé leur source dans l’esprit de l’homme, et non ailleurs.
L’écologie de l’Être, son économie microcosmique et macrocosmique tant aux niveaux du physique, de l’animique et du spirituel ainsi que leur interaction harmonieuse, doit être prioritaire dans l’éducation de l’homme et non reléguée à une portion indigente de son apprentissage existentiel. Elle devrait être le fondement et le maître à penser de toutes ses activités.
L’esprit de groupe, la tradition orale, les mythes fondateurs, les textes sacrés pour les peuples qui ont l’écriture, la sagesse des anciens et celle d’authentiques médiateurs entre le ciel invisible et les mortels, l’apprentissage de la nature et de son écologie, participent à cette indispensable formation de l’individu pour qu’il devienne un microcosme parfaitement intégré à son macrocosme.
L’écologie spirituelle entraîne automatiquement l’écologie matérielle, tout en allant cependant bien au delà car elle embrasse l’intelligibilité de l’Être dans ses manifestations sensibles et tangibles. Ayant perdu la sagesse du collectif et surtout de l’universel, l’homme a constamment besoin d’être guidé dans ses jugements et ses actions pour mieux s’ajuster à l’ordre du monde et vivre en harmonie avec son environnement.
Les anciens et les sages avaient bien compris les risques inhérents à tout éloignement du milieu naturel et à toute création intempestive ; aussi veillaient-ils au grain en arbitrant. La jeunesse et les novateurs toujours en quête d’inventions étaient surveillés et recadrés pour éviter la démesure due à l’inconscience, les pièges de l’imprudence et les débordements de l’orgueil. Certes, comparée à notre civilisation, la technologie était minimaliste, mais le savoir faire était par contre immense. Par expérience, il était donc interdit de toucher à cette création ordonnée sous peine de maladies et de fléaux, le respect de l’écologie de l’Être étant toujours une chance pour les équilibres en général et la qualité de le vie aussi bien pour le particulier que pour le groupe.
La religion véritable pose les fondements généraux d’une saine écologie rassemblant les individus comme un seul homme autour du pôle fédérateur qui n’est autre que le message céleste. Elle restitue aux choses simples leur véritable relief. Par son approche systémique de l’existence et ses rapports micro/ macro, par l’éducation du sens merveilleux de l’empathie, elle apporte aux prématurés de l’âme et de l’esprit que nous sommes le sillon moral de la véritable logique sur lesquels appuyer notre volonté de faire les choses. Tenant compte de l’équilibre présent et futur de l’ensemble de la création, nos vies sont ainsi tracées en conformité avec le vouloir du vivant pour évoluer comme il convient.
La croissance étant inhérente à toute forme de vie, il serait même normal que tout retour à sa source le soit avec des intérêts et non avec un déficit. Sinon gare à la banqueroute ! L’écologie de l’Être impose à tous les niveaux de respecter cette clause qui devient du même coup un devoir. Oui, au ciel comme sur la terre, rien ne se perd, rien ne se créé, mais tout se transforme en circulant d’un point haut à un point bas et vice versa, car tout sert à tout !
L’écologie ne se limite pas à la mise en œuvre d’une technologie sophistiquée et enjôleuse comme beaucoup semblent le croire, technologie qui, comme toute technique, ne résoudra pas les problèmes de fonds. Elle ne pourra jamais être leur antidote puisqu’elle en est leur source matérielle et n’est, de toutes façons, qu’un moyen médiocre pour nourrir qualitativement l’âme. Ce qui prime, ce n’est pas l’outil mais le savoir faire et la sensibilité que l’on y met. S’il y a une écologie scientifique qui étudie les rapports des organismes entre eux et avec leur environnement, il y a une écologie spirituelle qui concerne au premier chef l’anatomie complète de l’homme et l’interrelation de ses trois niveaux. L’écologie de l’Être est une intelligence qui vise l’équilibre et le commerce du singulier avec le pluriel puisqu’elle est la matrice même de la vie. Globalisante, elle tient compte de la totalité de ce qui est, à la fois dans sa verticalité et dans son horizontalité. Elle commence avant tout par la remise à sa place légitime de l’identité humaine dans le Grand Tout et de sa relation avec les parties qui le fractionnent.
La véritable écologie, c’est la resocialisation du genre humain, non seulement entre congénères, mais avec l’ensemble du monde vivant. L’écologie de l’Être, c’est prendre en main son destin en s’appuyant sur les lois universelles manifestées par la sagesse de la nature qui porte en elle l’extériorisation de l’Esprit qui l’a créé. Ni plus, ni moins ! C’est ici la religion universelle, celle qui, donnant à l’homme une vision complète et unifiée du monde, lui permet de se repositionner face à son tout, qu’il soit visible ou invisible. L’homme intelligent sait très bien que dans tout écosystème les choses ne se traitent jamais séparément.
Ce Tout qu’il doit aimer, respecter et protéger, l’individu éduqué par une véritable science du vivant (l’écologie spirituelle) sait que la vie n’est pas une simple histoire individuelle mais une aventure collective, une unité où tout a un sens. Jour après jour, il découvre derrière le décor ce qu’il a de plus intime en lui : le Soi, l’universel où ses frères et lui ne sont plus qu’un seul Homme, un seul et même Être. Oui, mais immense!
La religion universelle plonge ses racines dans l’écologie spirituelle, celle qui partant de l’esprit créateur aboutit tout naturellement en terre. Elle apporte la connaissance indispensable en reliant le monde causal à sa manifestation tangible. Son émergence, après la décadence spirituelle se produisant à chaque fin d’ère (dénommée malencontreusement : fin des temps), est capitale parce que vitale. A ce niveau, mortelle pour l’homme et la création, l’ignorance ne pardonne pas ! Cette religion sans confins ni surfins tend à unifier toute croyance sincère et loyale vers une unité absolue. Partant toujours de l’observation des phénomènes communs de la nature, elle prêche l’ordre, l’économie, la justice, le travail, l’amour fraternel et la solidarité avec le vivant. Elle a été, est et sera toujours le rempart de la vie et le ciment des grands empires comme celui des petites tribus.
A l’instar de ce qu’ont toujours fait les peuples premiers, le moi a donc impérativement besoin d’une solide formation basée sur une spiritualité écologique lui révélant l’unité du monde tangible, ce dernier n’étant que l’ombre de la merveilleuse cohésion du monde des âmes.
Nous devons sortir du culte de la croissance quantitative incessante, arrêter le pillage, respecter les limitations naturelles, favoriser leur renouvellement et ne pas produire et consommer toujours plus, mais mieux … et localement en remettant l’homme au cœur des équilibres du vivant. L’empreinte écologique de l’homme sur la planète a, depuis de nombreuses décennies, largement dépassée sa capacité de production et de régénération. Il nous faut prendre du recul vis à vis de l’absolue nécessité de ce développement anarchique avec toutes ses prothèses technologiques et mettre toutes nos énergies pour aboutir à l’invention d’une économie au service de l’homme et de la nature impliquant nécessairement une responsabilisation dans nos actes quotidiens. Notre sort n’est pas distinct du reste des êtres vivants. L’humanité ne pourra jamais se passer de l’ensemble de cette biodiversité.
Si nous ne considérons pas la création dans une perspective d’ensemble, jamais nous n’appréhenderons le sens exact de la vie dans laquelle nous ne sommes les uns les autres que de simples acteurs. Dans sa logique de séparation, l’homme occidental agit comme s’il ne faisait pas partie de la communauté du vivant. Il ferait bien d’apprendre comment fonctionne une globalité où la continuité est toujours présente et faire cause commune avec elle. Son rapport avec lui-même et avec l’univers en serait grandement changé!
A propos de LA MÉDITATION
Le cœur de l’homme est tissé d’ombre et de lumière. Séquestrée par les rails rigides de son conditionnement mental, sa vision des choses est rampante (terre à terre) alors qu’elle pourrait survoler le monde comme le font les créatures du vent. Saturé d’activités, d’informations et de préoccupations non essentielles qui squattent ses espaces mentaux et animiques, sa conscience est propulsée hors de lui- même, l’avoir et le faire supplantant l’être. Il lui faut donc quitter un temps la multiplicité du cœur (sa faculté à éparpiller son énergie entre la multitude de ses attraits, de ses désirs et de ses « amours ») et retrouver une zone plus profonde et plus calme, une zone de paix pour que renaisse ce que l’on a appelé avec justesse: le verbe éternel. C’est le retour réflexif, la fameuse conversion (dénommée teshouva chez les juifs qui traduisent ce mot par : retour à Dieu), le retournement du monde extérieur vers le monde intérieur, la recherche interne de sa propre source. « Si vous ne vous retournez pas et ne devenez comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. » (Matthieu 18, 3 et 4). Avant d’entreprendre ce changement de direction, un préalable indispensable lui est toutefois demandé : faire confiance dans les forces enfouies en lui avant de les libérer du cœur de pierre où elles sont enchaînées. « Si tu ne sais pas où tu vas, regarde derrière toi pour voir d’où tu viens » (Proverbe africain). Pour coller à notre sujet, nous dirions : regarde « en » toi.
Oui, l’homme a tout en lui. Il est le lieu de coïncidence de forces diamétralement opposées qui le rendent capable du meilleur comme du pire. Vivant sa vie dans une dimension réduite, il a de ce fait une capacité illimitée d’aveuglement. Invisible, son adversaire est caché dans sa tête et reste difficile à déloger. Son ego est un voile, son âme en jachère, son esprit glaiseux. Minuscule rouage d’une immense mécanique réglée par des lois immuables, il ne se connaît pas au plan intime, tant dans ce qu’il est en bien comme en mal.
L’homme vit dans un monde d’images qui n’est en fait qu’une interprétation de la réalité entièrement fabriquée par son cerveau. Il ne peut pas traiter les informations qu’il reçoit par ses cinq sens de façon rationnelle et objective. Sa mémoire est changeante, incomplète et confuse ainsi que ses raisonnements. Il est quasi incapable de raisonner objectivement à partir de données sans être influencé par des a priori devenus pour lui des dogmes. Entre ce qui est et ce qu’il perçoit, il y a un monde ! Son cerveau le trompe. Fondamentalement biaisé, il est constamment dupé car ses méninges, ne percevant que des parties isolées les unes des autres, n’ont pas accès à une compréhension globale. Le mental, pour conserver l’empire sur son existence, conspire en permanence en lui faisant croire qu’il sait tout ou en tous cas qu’il a la possibilité d’accéder à la science universelle (tentations du serpent à Adam et Eve). Force est donc de mettre en œuvre un moyen, une pratique favorisant à plus ou moins long terme l’accès à la source d’un savoir pur et holistique qui puisse court-circuiter sa domination ( : « lui écraser la tête » est-il écrit dans Genèse3,15)
Tout ça serait affreusement mortel si la nature ne lui avait pas donné la capacité d’une métamorphose. Sur terre, se sentant à l’étroit dans son être raccourci, l’homme cherche souvent à se dépasser. Bon nombre de disciplines lui apportent une impression temporaire d’élargissement. Certains êtres, guidés par une intuition doublée d’un désir intense d’intériorisation, entrent dans une démarche de renaissance par un travail « original » leur permettant de retrouver l’intimité avec leur origine. Prenant conscience de la fertilité de leur jardin intérieur, ils l’ordonnent peu à peu et en cultivent, grâce à l’eau de la source originelle qui l’arrose (Genèse 2, 10), les semences éternelles que le ciel y a déposées à leur naissance. Connaître, c’est naître avec, c’est à dire accoucher de quelque chose de profond dissimulé en soi comme l’est le fœtus à l’intérieur du ventre de la mère.
L’individu n’a sa vie durant que deux manières de se construire en mettant en valeur la partie de sa personne qui est en sommeil :
a) La naturelle, l’horizontale, qui est l’éducation réalisée par d’autres individus (parents, éducateurs religieux et profanes, rencontres etc.) depuis sa tendre enfance (tendre parce que malléable) pour la faire grandir jusqu’à la stature d’un moi social. L’individu, devenu adulte, doit ensuite la continuer par un travail d’édification de son être dans toutes les circonstances que l’existence lui offre. Il se façonne ainsi par dissonance ou par consonance, c’est-à-dire grâce à des exemples et des contre-exemples, à travers ses confrontations quotidiennes avec l’intelligence et la bêtise, les vices et les vertus des autres auxquels son esprit et sa sensibilité, renvoyés à lui-même par un rapprochement tout naturel, se situent comme se comparent le titre (c’est-à-dire la proportion) d’or ou d’argent contenu dans un alliage frotté sur une pierre de touche. Il se révèle ainsi à lui-même en passant sa vie à se mettre au monde. Son âme a tant de qualités à épanouir sur cette terre avant qu’elle ne rejoigne son firmament ! La théorie est une chose, mais seule l’expérience ressentie nous met sur le chemin de la transformation. La manière la plus efficace de se réaliser est, répétons le encore une fois, de se « retremper » dans une existence où les liens demeurent très serrés, la vie collective étant l’antidote la meilleure à l’hégémonie de l’ego et à son expansion démesurée. Elle seule est capable de nous libérer progressivement de l’égoïsme grâce à l’esprit de communauté. L’appartenance à un groupe ayant un désir identique de réalisation permet en effet aux intérêts individuels d’être associés intelligemment à un intérêt commun, les idées et la culture de ce dernier se propageant de cerveau en cerveau en l’influençant. Cette intégration achève en le complétant l’être séparé de son tout, donc de Dieu. Voilà pourquoi le ciel, demeure des âmes unifiées, appelle les hommes de bonne volonté à la communauté en tout et partout. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la phrase christique : « Soyez donc parfaits (complets) comme votre Père céleste est parfait. » (Mathieu 5,48)
b) La « surnaturelle » (celle qui nous conduit au dessus de notre nature ordinaire), autrement dit la verticale, qui, dans l’état très particulier de réceptivité appelé méditation, s’empare de l’optique perçante de l’âme et de son étonnante capacité de réflexion pour explorer les richesses insoupçonnées de ce jardin secret et sacré. Plongée en soi dont on ressort en unité d’être avec la vie universelle, c’est un recentrage, une reconnection avec nos puissances originelles que l’on réveille et à qui l’on permet d’émerger des profondeurs pour dialoguer intimement. Convoquant les forces célestes, le méditant détourne le cours des pensées de ce monde, en efface peu à peu les empreintes et se retourne en « s’orientant » vers l’intérieur. Donnant ainsi un coup d’arrêt au temps planétaire qu’il suspend par la fixation sur un point déterminé à l’avance, il entre ainsi dans l’intensité de leur temps qui rejoint un présent éternel où un million d’années de la terre ne valent pas une de leurs secondes. Ce ventre maternel, chaud et humide, est un espace libre où il se réinvente de la manière qu’il a choisie. Dans ce voyage au cœur de l’essentiel, l’être, après avoir perdu ses repères habituels par l’effacement de toute trace de l’activité de son moi, lâche ce qu’il croit savoir pour vivre dans le présent de l’idée qu’il réchauffe de tout son amour. Comme le Créateur au septième jour, il cesse de « faire » pour entrer dans le sabbat de Dieu, c’est à dire opérer sur lui-même en appelant le ciel qui l’habite et dont habituellement il muselle la puissance. C’est un espace ouvert où activité et réceptivité se mêlent autour d’une interrogation devenue l’unique centre de gravité. Il sait que son cerveau ne peut appréhender le monde, pas plus dans sa synthèse que dans des analyses complètes et cohérentes avec leur unité tridimensionnelle. Repartant de zéro, le champ mental avec ses mémoires nettoyé, donc mort à ce qu’il était hier encore, son regard redevient celui d’un nouveau-né. On dit qu’il émascule son mental, qu’il le met en vacance, pour laisser toute la place à son côté féminin, donc réceptif et maternant. Contrairement au monde où la tête a l’obligation d’être bien pleine, face au ciel, l’individu doit présenter un crâne vidé de son contenu inutile, donc de ses facultés critiques. En état d’abnégation, décroché de l’orbite agitée de ses constructions intellectuelles, il se diminue volontairement pour que grandisse -grâce à la médiation de l’âme céleste- la lumineuse vérité de l’Être. C’est un accès direct à la Bibliothèque Universelle et une navigation dans son fichier ordonné. Seul, face à cette immense source dormante, il donne ainsi rendez-vous à l’émotion sacrée, à ce cœur qui comprend et sait tout, parce qu’il est capable de ressentir l’univers entier !
Ce retour à l’intégrité est une auto réalisation en partenariat avec le macrocosme céleste, ce Maître à qui il s’abandonne totalement. Commencé seul avec ses propres facultés, il se termine toujours en cas de réussite dans un « bain collectif ». On l’a dit plus haut, c’est un baptême spirituel, une « immersion » dans l’Âme du monde, un retour dans le ventre de la Grande Mère et dans ses eaux fœtales (qui, contenant potentiellement tous les germes, peut accoucher de manière viable l’enfant de son choix). N’oublions jamais que si le ciel est la demeure des puissances de l’Être, il n’est ici bas qu’en puissance d’être et, comme les ailes d’un oiseau ou d’un papillon, a besoin d’être déployé pour devenir opérationnel. L’homme, parcelle d’univers, possédant en lui l’embryon de toutes les puissances cosmiques, il lui suffit de mettre en gestation dans son espace intérieur dûment sacralisé la semence de son choix. Son agrandissement collectif ne peut s’opérer que par la médiation de l’âme céleste et de son fidèle pouvoir réfléchissant. Connaissance sensible et immédiate qui rassemble en un tout cohérent ce qui a été disjoint alors que le savoir intellectuel progresse par acquisitions successives et éparses, instance psychique capable d’arbitrer la vérité bien plus vaste que toutes les connaissances de l’homme, la méditation est le « lieu » où nous attendent les réponses à toutes nos questions.
Contrairement à ce que l’ignorant pourrait penser, méditer n’est pas une évasion du réel mais bien au contraire une intégration en lui. C’est un état de grâce qui n’advient qu’après avoir éteint les guirlandes mentales où clignotent nos raisonnements sans fin. Ce positionnement de l’esprit éloigné des tourbillons de la vie et des soucis quotidiens, cette mise à l’écart de ses productions spontanées, nous permet d’entrer dans un choix spirituel délibéré, programmé et dirigé. Purifié des scories minéralisées de l’ego, cet élément central choisi attire les pensées et les images correspondantes. Ce germe immatériel est mis en culture en faisant converger ces dernières jusqu’à accouchement dans l’utérus maternel de notre identité universelle dont l’eau pure n’est enfin plus troublée. C’est pour nous la meilleure manière de purifier son mental et son cœur. Dans cet espace protégé où l’âme est en apesanteur, le moi ne pèse plus rien. L’enfant n’est pas porté dans le ventre d’une femme mais bien dans le cœur de l’homme. C’est ici la reconquête de son âme et l’enfantement intérieur du « fils de l’homme ».
« La connaissance est sensible » se plaisait à dire Léonard de Vinci. Méditer n’est donc pas une introspection dans le cortex de notre matière grise (capable seulement de ressasser le sujet à partir de notre mémoire) mais un ensemencement dans les couches profondes et sensibles de l’Être, dans cet outil de connaissance réfléchie où l’âme devient un miroir intelligent. Là s’appréhendent les clés du Vivant et son potentiel énorme, sa structure et son processus dynamique en réseau.
La méditation est l’acte libre d’un être qui, dans une déprise paisible et confiante de soi, s’abandonne à « Dieu », à son tout intérieur, après s’être volontairement retiré pour laisser exister le monde de sa création. Dans la détente musculaire et le relâchement des tensions intellectuelles, elle seule a le pouvoir de redonner au verbe toute sa puissance créative. Grâce à ce processus génial calqué sur celui du Génie divin, la créature recouvre sa jeunesse spirituelle perdue. « Le génie, s’écriait Baudelaire, c’est l’enfance retrouvée ! »
« En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ». Nicodème lui dit : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ? « Jésus répondit : « En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. » Evangile de Jean, chapitre 3, versets 3 à 5.
A propos de L’HYGIENE DE L’ETRE
La déesse Hygié (santé en grec) était la fille d’Asclépios (l’Esculape des romains), dieu de la médecine. Elle secondait son père pour soulager les êtres humains et leur conseiller les régimes et les médications appropriés à leurs maux. Elle a donné son nom à notre mot « hygiène » qui est l’ensemble des principes et des pratiques tendant à préserver la santé. Vaste programme que l’hygiène puisqu’elle touche à tous les domaines de la vie. Asclépios avait une deuxième fille, Panacée (son nom signifie remède universel), qui guérissait les mortels par les simples, tant il est vrai que les productions de la nature peuvent tout guérir.
QU’EST-CE QUE LA SANTE ?
C’est un état d’équilibre entre les entrées et les sorties. Que quelque chose s’accumule ou au contraire manque ou bien s’élimine en trop grande quantité, et voilà que l’harmonie est rompue et que la maladie s’installe. Par exemple, trop ou pas assez d’activité ou de nourriture, que ce soit au niveau intellectuel, émotionnel ou physiologique. Ceci est valable dans le microcosme comme dans le macrocosme, donc partout. Toute vie ne peut se maintenir que si son écosystème reste en équilibre. Il y a donc une santé mentale, une santé psychique et une santé physique. Les trois plans de l’être vibrant en écho les uns avec les autres, le mental résonne sur l’émotionnel qui à son tour réfléchit sur le physique (le flux allant de l’intérieur vers l’extérieur aussi bien que de l’extérieur vers l’intérieur). Pour une santé parfaite, l’individu doit donc être considéré dans la globalité de ses trois dimensions liées intrinsèquement entre elles: somatique, psychologique et spirituel sans omettre le rapport micro/macro, hors duquel il n’y a pas de salut valable ni durable.
QU’EST-CE QUE LA MALADIE ?
C’est une rupture d’équilibre, une disharmonie, un conflit dans le milieu intérieur ou extérieur. Qu’est ce que soigner ? C’est rétablir l’équilibre perdu. Ce n’est pas, contrairement à ce que l’on croit, supprimer des symptômes, c’est-à-dire imposer le silence aux maux par des drogues en écartant leurs causes, refusant du même coup une réalité qui, globale, tient le plus souvent à des comportements erronés. Oui, écouter ce que nous dit dans la douleur notre corps est tout un art qui demande un certain silence mental doublé d’une intelligence affranchie de toute forme de superstitions populaires ou scientifiques !
La médecine moderne a établi des concepts permettant d’ordonner l’infinie diversité des symptômes qui perturbent l’être humain. Ce n’est qu’une grille de lecture issue de sa raison limitée par une connaissance partielle face à une réalité versatile. Elle ne doit pas être idolâtrée mais repensée de fond en comble pour aider autant que faire se peut les victimes du système qui les a engendré. La souffrance ne sera vraiment éradiquée que lorsque le message qu’elle contient aura été compris car toute souffrance est une gestation, un travail de la sensibilité et de l’intelligence (donc une évolution), le dégagement d’une force nouvelle nous permettant de sortir de l’esclavage et des germes de mort auxquels nous sommes soumis par tous les César, les Assourbanipal et les pharaons de la terre (entendre les grands de ce monde : élite politique, scientifique, financière, commerciale, et hélas parfois religieuse ; en résumé tous ceux qui prétendent diriger par l’argent, la connaissance, la force ou par tout autre forme de pouvoir les corps, les âmes et les esprits). Les soins collectifs devraient toujours débuter par la remise en ordre de la société comme ceux des individus devraient l’être par l’usage intelligent des facteurs naturels de santé. Ce n’est qu’après la prise en compte de ce préalable que, si besoin est, on a le droit d’user de médications dûment choisies.
« Tout est poison, rien n’est poison, seule la dose fait le poison », disait Paracelse. Et nous ajoutons : « ou la répétition de ce poison » tant il est vrai qu’une dose infime de poison peut engendrer à la longue des effets nocifs. L’organisme a besoin de tout, mais pas dans les mêmes proportions. Une certaine radioactivité est nécessaire, idem pour l’arsenic, le mercure ou le plomb, mais pour ces derniers le niveau acceptable est vite atteint vu les faibles quantités tolérées par le corps humain. Nous ne parlons pas des molécules inventées par l’homme qui n’ont aucune place dans cette création. D’où la sagesse dont nous devons faire preuve constamment dans nos choix.
A propos de LA RELIGION
Contrairement à ce que le monde croît, ce ne sont pas quelques années d’études qui forgent une âme, mais une pratique, un entraînement adéquat. Sinon notre corps céleste demeure rudimentaire comme une graine qui, restée dans son sachet, n’a jamais été semée ou comme un embryon d’oiseau qui, non couvé, sommeille au sein de la coquille de calcaire qui le cuirasse et le clôt. A la mort physique, il avortera comme un fœtus n’ayant pas été nourri par sa mère. L’appel des religions mères n’a pas d’autre but que la réalisation, le développement de ce qui, intérieurement embryonnaire en nous, vit emprisonné dans un cocon en attendant sa mue.
Les psychologies modernes abondent en méthodes permettant de protéger et même d’embellir les structures de l’ego, en affirmant son autonomie et en protégeant son indépendance. C’est bien parfois, mais c’est très incomplet. La vision « religieuse », quant à elle, a toujours été holistique, c’est à dire globalisante sur tous les plans de l’Être. Si nos sociétés exaltent l’ego, la religion, à l’opposé, lui apprend à se soumettre à l’Être et à ses nombreux collectifs.
Individuellement, la vie n’a de sens que dans le collectif et l’universel qui l’englobe, répétons le haut et fort. Ceux qui la défendent en se pliant à ses lois, travaillent non seulement pour leur vie et leur santé mais aussi pour le salut des générations futures comme pour la préservation de l’équilibre planétaire. Toute authentique religion est là pour rappeler et redéfinir cette vérité primordiale. La perdre de vue, c’est être irréaliste et entraîner l’individu à faire n’importe quoi, ce qui le conduit toujours vers une perte partielle des essences de son être.
La véritable religion, l’universelle, n’est pas une doctrine de plus qui opposent les hommes entre eux ou à la nature mais un art de vivre, une utopie lucide qui, entre tradition et modernité, œuvre à préserver ou à restaurer l’acquis du Père Spirituel en consolidant le chemin nouveau tracé par ses prophètes. Dans la simplicité du message originel, elle est envoyée par le ciel pour éclairer les esprits qui sont dans le noir, les reformater dans le bon sens et leur faire retrouver la culture des forces originelles célestes qui reposent dans l’âme de chacun. Elle leur enseigne qu’une existence pleine et entière est dans l’unité des membres d’une même famille. Elle les convie à se convertir, c’est-à-dire à changer leur regard de sens, à voir les choses par l’intérieur et par le haut, tout en les poussant à réfléchir, à ressentir et à agir dans l’unité du vivant, donc à enraciner les embryons d’êtres que nous sommes dans la matrice de l’Être. Elle ne vient pas au monde pour engendrer des dogmes stériles, des théologies infantilisantes et un asservissement aux fantaisies d’un clergé totalement éloigné de la vérité. Elle redonne la vie aux cultes et aux rituels morts. Son autorité – toute morale – permet à une conscience individuelle d’intégrer quelque peu une conscience collective, voire universelle. Cette mise à jour religieuse est un « re-logos », entendre ici la reformulation du discours céleste aux hommes, la relecture du livre de la vie, la réactualisation de la parole fondatrice du monde.
La religion parle à l’homme de ses carences en lui opposant la complétude de Dieu, état qui peut être entendu comme la plénitude de l’Être. Elle lui fait comprendre qu’il vit dans un monde crépusculaire où son âme a perdu la lumière de son soleil mais n’a pas encore trouvé l’étoile du Berger qui la conduira à elle. Elle lui indique comment trouver au sein de la création sa place, rien que sa place, pour lui éviter les pièges de l’orgueil, que celui-ci soit individuel ou collectif. S’il doit impérativement raccourcir son ego pour agrandir son être et s’améliorer personnellement par un travail quotidien sur lui même et avec les autres, sa perfection est d’abord dans le groupe qui, lui- même, la trouve dans l’universel. La délivrance, sur terre comme au ciel, est dans l’union, le rapprochement, et non dans la division et le cloisonnement. Le salut, cette échappée à la mort inéluctable de l’individu, est dans son rattachement à un collectif doté d’une vie plus longue, voire éternelle. Il est dans la réunion de toutes les colorations de l’âme humaine unies en un arc en ciel terrestre, image en reflet de celui qui, dans sa tunique tissé d’âmes, trône aux cieux. Nous sommes tous sur terre pour se porter aide et assistance à tous les niveaux, et au premier chef au niveau de l’être moral.
La religion ne s’attache pas à décrire en détail les causes secondes et les effets de la problématique particulière de chaque individu. Les psy le font très bien. Elle n’a donc pas pour rôle de se substituer à eux pas plus qu’aux politiques d’ailleurs, bien qu’elle ait son mot à dire sur les bases de l’organisation de la collectivité et sur la guérison de la personne humaine comme de la dite société. Son royaume est avant tout celui de l’âme qui, ne l’oublions pas, dispose d’une grande puissance sur le corps et sur l’esprit. Sa mission et sa médecine se font sur un autre plan. Elle prêche l’ordre de la vie qui remet chaque chose à la place qui lui revient dans le classement de la création (ordre de succession)) et le respect des lois fondamentales de la nature, mémoire vivante de l’Esprit créateur.
Les contraintes que semblent offrir la religion n’ont d’autres buts que d’encadrer l’âme solitaire en donnant un cocher à ses pulsions (appuyées elles-mêmes sur la mécanique naturelle des instincts) pour lui apprendre à marcher dans une vie de groupe qui respecte l’équilibre universel. La religion balise nos attitudes et nos comportements en repoussant toujours plus loin les cloisonnements terrestres et spirituels que notre mental élabore avec cette constance qui lui est coutumière. Elle nous apprend à user de notre libre arbitre (le privilège de choisir) intelligemment grâce à une éducation responsabilisante à tous les niveaux qui explique les causes et les conséquences personnelles et collectives de nos pensées, de nos sentiments et de nos actes. Elle opère donc à la fois sur l’esprit en le déprogrammant de ses acquisitions profanes pour le reprogrammer dans une vision sacrée et sur l’âme en lui faisant ressentir ce qui est bon pour sa vie et celle des autres. Elle pose les fondements généraux d’une saine écologie rassemblant les individus comme un seul homme autour du pôle fédérateur qui n’est autre que le message céleste. Elle restitue aux choses simples leur véritable relief. Par son approche systémique de l’existence et ses rapports micro/ macro, par l’éducation du sens merveilleux de l’empathie, elle apporte aux prématurés de l’âme et de l’esprit que nous sommes le sillon moral de la véritable logique sur lesquels appuyer notre volonté de faire les choses. Tenant compte de l’équilibre présent et futur de l’ensemble de la création, nos vies sont ainsi tracées en conformité avec le vouloir du vivant pour évoluer comme il convient
La religion appelle chaque être à consacrer son temps et ses énergies à des choses salutaires, donc à vivre parmi les siens des joies simples et non des plaisirs frelatés, d’instruire très tôt ses enfants dans la compréhension de l’unité du monde spirituel et matériel grâce à des disciplines vraiment formatrices de l’Être. Et non d’inonder son cerveau de quantité d’informations ne servant, en finale, que cette productivité artificielle qui asservit les nations.
Être religieux, c’est appartenir à un collectif qui nous régénère et nous accomplit en transcendant toutes les différences, toutes les structures et tous les pouvoirs, ceux-là même que le monde profane a créé.
A propos de DIEU
Nous parlerons de Dieu, mais non à la manière des religions de notre époque qui en ont fait quelqu’un d’inaccessible et de mystérieux (comme si le mystère aidait les hommes à résoudre leurs problèmes !). Nous parlerons de Lui sans coquetterie intellectuelle mais animé par un seul souci : la vérité, l’universelle vérité. Nous parlerons donc du Dieu qui a créé les hommes à son image et non du Dieu que les hommes ont fait à la leur. Mais qui donc est ce Dieu en qui les hommes croient alors qu’il serait tellement préférable d’en connaître l’Être et les essences ? Et qui donc est cet homme qui se prend pour Dieu sans comprendre les rapports exacts qu’il a avec son universalité, donc avec lui-même et le reste de la création ?
L’Être n’ayant ni commencement ni fin en soi (car il était, est et sera toujours fondamentalement identique à lui-même), tout feu tout flamme comme dans sa manifestation au sein du buisson ardent, ne saurait mourir ni se consumer car, dans sa manifestation existentielle, habillé de la lumière de l’Âme et de la chaleur de la vie, il se régénère continuellement sans jamais s’éteindre (Exode chapitre 3, verset 2). Ceci est très important pour ce qui va suivre, spécialement l’utilité de la méditation, ce retour dans les profondeurs et la permanence de l’Être, ce rendez-vous avec l’éternelle vérité.
Dire : « Dieu existe », est inapproprié dans son acception spirituelle parce que tout simplement dans sa transcendance : Il est ! S’il existait, au sens premier du terme (Exister vient du latin : ex-stare ou ex-sistere, et signifie : se tenir à l’extérieur, être placé hors de), il serait alors mortel… puisque soumis au temps. Si, dans ses principes fondateurs, il est, on peut toutefois dire qu’il existe dans le devenir de sa manifestation visible. Dieu n’a pas besoin de preuves à fournir à la créature pour prouver sa nature puisqu’il est la racine, l’origine, le point de départ, le fondement universel, en résumé l’ordre qui organise en un Tout unitaire (dans lequel les parties se correspondent mutuellement) le système du Vivant par ses lois créaturelles à la base de tout ce qui existe dans le temps et dans l’espace. Pas plus d’ailleurs que mon père n’a à justifier l’insémination de ma mère pour me prouver la fonction génitrice qu’il a exercée pour que j’existe. Il est mon père, je lui ressemble, un point, c’est tout. Oui, un point, c’est TOUT !
Connaître le monde, c’est connaître ses lois. Connaître ses lois, c’est placer le nombre au centre de son dispositif. Les nombres sont partout. Ils se succèdent à la file indienne dans l’ordre car ils en sont l’archétype. C’est en quelque sorte la dictature des nombres car ils règnent en maître absolu sur la machine universelle et ses rouages qu’ils ordonnent immuablement selon une logique inflexible. A eux la responsabilité de dire tout le réel qu’il numérote. Dieu, dans sa représentation de l’ordre universel, est en ce sens le code numéroté de l’organisation du monde.
Dieu est dit parfait, absolu. Qu’est-ce à dire si ce n’est qu’il est l’Être dans toute sa complétude, celui dont l’Esprit d’organisation est fixé éternellement dans ses principes et ses attributs ?
Certaines représentations divines peuvent nous paraître archaïques, et elles le sont souvent de nos jours, mais chaque âge a ses nécessités. L’enfant image le monde d’une manière différente de l’adulte. Qui des deux a raison ? Nous répondrons ceci : une chose est « Dieu», autre chose sont les idoles dont on pare son visage. Si aujourd’hui nous estimons ne plus avoir besoin de figures enfantines, alors tant mieux ! C’est que nous avons grandi. Mais de là à s’en passer, il y a un pas qu’il est périlleux pour la grande masse de franchir. De plus, l’autorité morale est une chose aussi nécessaire à l’esprit de l’homme que l’air à ses poumons. Sinon gare à l’anarchie généralisée !
Prendre conscience de ses propres valeurs pour pouvoir aimer celles que les autres incarnent, toute valeur venant de Dieu.
Ne jamais, sous peine de perturbations, séparer ce que Dieu a uni!
L’homme a tendance à renier Dieu ou l’Unité spirituelle et matérielle du monde, ce qui est tout un.
Nous exposons ici des principes devant être à la base de toute entreprise humaine. C’est en ce sens que la religion a un rôle capital à jouer dans la vie sociale, elle qui est par nature contre toutes les formes d’inégalité, Dieu devenant la « Cause » commune, l’entité morale personnifiant et résumant le Tout, le symbole de l’unité suprême nous appelant à vivre d’un même cœur, d’une même vie et participer activement au cosmos en accord et en équilibre avec lui, la création étant toujours intrinsèque à l’Être Créateur.
Dieu se voit partout mais ne se rencontre qu’au fond de soi.
Le divin se contemple dans la nature et se ressent en soi.
L’Être, que l’on dit Suprême, parce qu’il est au-dessus des individualités inférieures soumises à l’esprit de bassesse, se diffracte et est éparpillé à travers la planète, chacun d’entre nous étant le réceptacle de plusieurs de ses fragments à de tonus différents. C’est cette part divine qui nous anime en nous donnant le désir et le goût de vivre. Cette appétence de retrouver chez les autres ce dont nous sommes privés se déploie dans un irrésistible attrait de l’âme qui est nommé à juste titre : amour. L’amour est la lumière de l’âme. Lui seul est capable de la faire resplendir comme un soleil d’été à son zénith.
A propos de LA NATURE
Qu’est-ce que la nature ? L’ensemble des choses, nées ou à naître, la chaîne qui les lie en permanence et l’ordre qui les anime. Sa dynamique est organisée de manière flexible autour d’un axe central invisible qui la maintient dans un équilibre sans cesse réajusté.
La nature est le modèle le plus parfait de structuration, d’interaction et de coopération qui soit. C’est un système organisé de manière ouverte où, dans son fractionnement, toutes ses parties circulent, communiquent et interagissent entre elles dans des échanges de matière, d’énergie et d’informations. Son mouvement ne se produit que dans l’unité. C’est donc un vaste commerce dans lequel chaque cellule échange avec les autres, chacune amenant et recevant sa part active dans une relation constante.
Aucun organisme ne se suffisant à lui-même, chacun d’entre eux n’existe et n’évolue qu’en relation profonde avec ce qui l’entoure. Grâce à cette action/réaction à la coordination parfaite, tel un musicien d’orchestre, chaque créature peut jouer son rôle dans la symphonie de la vie où toutes les espèces prolifèrent dans une harmonie qui magnifie leur beauté. Communication et interactivités conditionnent leur survie. Cette coopération se nomme symbiose (en grec : vivre ensemble), peu importe que cette symbiose soit vécue dans le mutualisme, le commensalisme ou le parasitisme. Du plus petit au plus grand de ses enfants, la chaîne qui les lie n’est jamais rompue. Les animaux, par exemple, naissent proies ou prédateurs, selon des règles éternelles commandant la survie des espèces. Les puissants tuent sans cruauté, les faibles meurent sans gloire. Tous cohabitent en harmonie. Il en est de même pour les autres règnes comme des règnes entre eux. La nature est la plus grande leçon de coopération que la vie donne à l’homme. Elle est la preuve vivante de l’Alliance de Dieu (entendez de l’Ordre supérieur qui régit l’univers) avec tous les aspects de sa vie multiforme qu’elle soude en une unité existentielle.
Quand nous parlons de vie, nous ne la limitons pas au monde visible, bien tangible, celui qui est perçu par nos 5 sens mais aussi à l’invisible, celui qui se perçoit de manière plus subtile, c’est à dire celui qui se conçoit (esprit) et celui qui se ressent (essence). La nature n’est pas seulement présente dans son aspect extérieur, physique, mais elle l’est essentiellement dans les vibrations intérieures à l’origine de sa matérialisation, la vie de surface dépendant toujours de la vie des profondeurs (2). Dans sa manifestation aux formes multiples comme dans ses essences, elle est la nature même de l’Être. Là où la magie de la création prend toute son ampleur, c’est dans l’orchestration savante des correspondances entre les différentes parties et les différents plans qui, tous, vibrent à l’unisson.
L’Esprit est ancré dans la matière, autrement dit la nature est la pure continuité des lois spirituelles qui l’ont créée et matérialisée. Née de son géniteur, elle devient à son tour génitrice et habille les corps en leur prêtant les matériaux pour se construire et les forces pour se mouvoir. Nature et naître ont d’ailleurs la même racine latine: nascor qui signifie naître. Pourquoi ? Parce que, en perpétuelle gestation, son sein enfante toutes les formes de vie qui la régénèrent sans cesse grâce à d’incessantes transformations. Comme une bonne mère, elle met au monde toute une progéniture faite pour vivre dans une dépendance réciproque. La nature est non seulement notre mère nourricière au niveau physique mais aussi au niveau des idées puisqu’elle nous inspire dans tous les domaines en aiguisant notre intelligence… à condition de porter sur elle un regard attentif.
La nature est un jardin extraordinaire, un jardin enchanté dans lequel l’homme devrait se sentir vivre, aimer et vibrer sans restriction, sans autre dogme que celui de la méditation profonde. Elle est la religion éternelle de l’Être épurée des traditions mortes et des artifices inutiles qui en occultent la vérité pure et simple. Son naturel est l’inscription dans le tangible du surnaturel. « Vois Dieu dans toutes les choses que tu vois » disent les sages soufis.
Nous aimons tout particulièrement nous promener en elle, nous émerveiller et nous étonner devant sa diversité, nous y ressourcer, nous remplir de son ordre, participer à sa vie, être à l’écoute de sa sagesse, nous laisser guider par elle en nous immergeant dans son unité pour mieux nous nourrir de la sérénité qu’elle nous procure. Ingénieuse nature, économe nature où tout naît, s’use et se renouvelle dans un ballet incessant réglé par d’immuables phases, elle nous apprend le cycle perpétuel où rien ne se perd mais où tout se recrée sans cesse en se transformant. Elle est une source quotidienne à nos méditations, elle qui, dans son ordre et sa beauté, nous parle dans la langue natale de l’âme. Exprimant la vérité, elle ne nous trompe jamais ! Elle est le maître de la voie pour l’homme qui ne la détient pas. A condition d’avoir un mental suffisamment purifié, reflétant son créateur, elle nous raconte son esprit et son âme, en révèle la véritable figure, son expression visible nous renseignant sur la structure et le mouvement vital de l’invisible. Derrière la constance de ses changements se tient, immuables, l’inscription des lois divines et la sédimentation de ses essences comme l’étaient les dix commandements de Iave gravés sur les fameuses tables de pierre (Exode, 32, 16) que Moïse avait ramené de la montagne sacrée au peuple d’Israël (3) ! C’est ici l’authentique transfiguration du paraître en être, la révélation du subtil derrière l’épais.
Au contact de la nature notre conscience s’accroît car, grâce aux images qu’elle étale généreusement page après page sur son livre vivant, nous avons la possibilité de déchiffrer par un simple regard ce qui vit en nous. Sacrée science que celle des correspondances, unité intime entre la nature et notre nature où tout est en relation, l’association d’esprit nous permet de faire des découvertes sensationnelles. Ce serait une erreur de croire que toute similitude n’est qu’un exemple comparatif sans rapport direct et profond. Si nous jouons du micro au macro, si nous comprenons bien les rapports, Dieu parle à travers ses œuvres. Il y a en effet, disséminées dans les diverses manifestations de la nature, les même informations que celles qui, concentrées, gisent dans notre âme. Toute création parle pour son créateur. Il suffit de remonter des effets vers les causes pour connaître ou mieux encore se connaître. Et lorsque nous n’en sommes pas capables, nous pouvons faire appel à des médiateurs qui traduisent pour nous le verbe de la nature. Ajoutons pour conclure que c’est le même « Esprit » qui a créé la nature et inspiré les textes sacrés pour exprimer dans un langage différent les mêmes principes en action.
A propos de LA PRIÈRE
La vie extérieure nous est familière, c’est notre relation avec les êtres et les choses extrinsèques à notre personne, nos cinq sens et notre parole s’adressant à ce qui nous entoure matériellement (1). La vie intérieure, quant à elle, concerne l’espace intime de l’être. Elle ne s’affiche pas en public, les choses se passant dans l’esprit et l’âme de l’individu. Ce peut être un monologue avec soi-même ou un dialogue avec une « entité » supérieure à son ego que l’on élève vers le centre de l’existence. Pour ce faire, après avoir retrouvé le calme, les yeux en général fermés, on rassemble le meilleur de soi-même et, unifié, on pénètre dans sa partie privative pour l’animer d’une activité cachée au reste du monde.La vie intérieure peut être pauvre ou riche, cela dépend du temps qu’on lui donne, des sujets que l’on aborde et de l’énergie que l’on y met. Les pensées et les sentiments développés seront terre à terre ou élevés, égoïstes ou altruistes, voire universels. La vie intérieure n’est donc pas toujours synonyme de qualité car elle peut nourrir des dissidences, des désirs étouffants, des refoulements, des ressentiments, en un mot des négations. C’est un champ que nous ensemençons à notre guise car nous en sommes le maître et le créateur. Aucune pression extérieure ne peut nous contraindre dans nos choix et leurs développements car ici nous ne sommes soumis qu’à nous-mêmes. Certes, nous demeurons conditionnés dans nos réflexions, nos attraits et nos répulsions, mais, dans la détente, nous pouvons prendre un peu de recul par rapport à eux. Il n’y a même que dans cet état – et sous certaines conditions- que cette domination infernale s’estompe, que les chaînes qui ligotent notre âme à la matière et à l’ego peuvent se dissoudre et que l’esprit dégagé du mental retrouve la capacité de discerner finement à condition toutefois que son agitation s’apaise. Du moins si l’on est animé par l’obtention d’un résultat constructif. Monsieur tout le monde n’est pas forcément attiré par ce retournement des sens et des facultés, par cette prise de recul, par cette élévation par rapport à l’égoïsme terrien au profit d’une vie plus riche, globalement parlant. Mais c’est le seul moyen de sortir, tel Icare, du labyrinthe d’un quotidien profane qui happe nos énergies en les dévorant de l’intérieur.
Outre l’introspection (2) la vie intérieure peut prendre la forme de la prière et celle de la méditation. Pour l’âme, ce retournement vers sa famille d’origine est la seule manière de retrouver la respiration d’amour qui lui est propre et de recouvrer ainsi une partie de sa force originelle.
La prière est le premier stade de l’ascension spirituelle grâce à une activité consciente de l’être tout entier œuvrant mentalement et émotionnellement. C’est un procédé duel basé sur la foi. D’un côté, il y a celui qui prie et de l’autre, celui que l’on prie comme étant un peu étranger à soi et pourtant dont on sent la présence en son for intérieur. La sphère privée devient ainsi une rencontre collective. Là, est le miracle !
La prière part d’un état microcosmique pour côtoyer un état macrocosmique. C’est une parole qui les réunit, un pont jeté entre l’âme individuelle et l’âme universelle, une approche dans la chambre de notre cœur de ce qui est éternellement présent dans notre intimité, un dialogue où l’homme expose au ciel ce qu’il a sur le cœur (c’est pour cela qu’il doit lui en faire don). Dans un climat de confiance, d’écoute profonde (on se sent écouté) et d’émotion sacrée, il coopère avec les puissances célestes qui reposent en son sein en leur offrant ses sentiments, ses besoins et ses requêtes, ses préoccupations, ses aspirations secrètes et surtout sa reconnaissance, bref l’intégralité de lui-même (Voir Annexe IV). Pour s’adresser à lui, une attitude humble et soumise comme un enfant interpellant affectueusement son père ou sa mère est impérative
La prière et le recueillement permettent de s’ouvrir à cette part divine, à ces forces dites supérieures qui gouvernent notre destin pour les sortir de leur sommeil et les exalter. On dit que l’âme prend sa respiration d’oiseau. L’individu rencontre ainsi son idéal spirituel dont il poursuit la quête, l’idée la plus ailée qu’il s’en fait (idée-al, al pour aile), c’est à dire la représentation mentale la plus élevée, la plus belle, la plus fédératrice de ce tout qui le transcende, que ce soit le ciel dans son ensemble, un esprit, un saint, un médiateur céleste tel que le Christ ou le Bouddha, le Grand Esprit ou Dieu lui-même. La prière est une tentative d’approche du cœur de l’Être, ce cœur qui concentre toute la lumière et autour duquel s’enroule comme une spirale la manifestation de l’existence. C’est une sphère de parole par l’aimantation confiante et aimante de notre cœur. Au passage, faisons tout de suite la différence entre prière et méditation. La prière est un monologue avec son modèle absolu car celui qui prie n’attend pas de réponse verbale de son interlocuteur mais un résultat effectif. La méditation, quant à elle, est un dialogue, une conversation entre l’être et l’Être jusqu’à leur union finale. Dans la prière, on implore très souvent l’appui et le secours du ciel ; dans la méditation, on explore ce même ciel à l’œuvre dans nos profondeurs. Nuance !
Plutôt que de se conformer à un moule, il est de loin préférable de laisser le choix des mots à son cœur qui, par sa puissance, suffit à offrir l’élan qu’il convient de lui insuffler. Le verbe, par le sentiment qu’il extériorise, créé une vibration, bonne ou mauvaise, voire neutre, tout cela en fonction du feu qui l’anime. Tout repose, non sur ce qui est dit, mais sur le sentiment de celui qui l’émet. Le taux de vibrations sera d’autant plus élevé que l’aimant fournisseur est puissant.
La prière, ce chemin mental et animique positif, est une préparation à une œuvre plus importante. Nous parlons ici de la prière vraie et sincère et non des actes de mendicité qui prennent le plus souvent sa place. C’est tout au contraire un apport, une offrande de service à dessein d’être utile. Celui qui prie pour lui est déficitaire, celui qui le fait pour les autres est un actionnaire, un épargnant, donc l’inverse. Ceux qui dans leur être possèdent ce pont psychique jeté sur l’abîme du doute qu’on appelle la foi y trouvent chaque jour leur nourriture et leur communion.
L’âme au ciel est comme un gaz, un fluide détendu, en osmose avec ses consœurs. Quand elle se lie à un corps terrestre, elle comprime son espace qui de ce fait se réduit considérablement. Etouffée, asphyxiée par une vie limitée aux émotions individuelles et égoïstes, elle cherche, chaque fois qu’elle le peut, à prendre quelques bouffées d’oxygène par ci par là pour ne pas dépérir complètement. Lasse de ramper lourdement sur la face aride de la terre, elle tente de décoller de temps à autre le nez du sol sur lequel elle est rivée et prendre de la hauteur pour mieux respirer. C’est indispensable à sa santé. De gros cheval de labour, elle a la faculté de se métamorphoser en un Pégase ailé et s’élancer librement vers les cimes de l’Olympe, résidence attitrée des puissances divines dont elle est issue. Comme une montgolfière, son cœur se gonfle de l’air vivifiant des montagnes de l’Être que sont la gratitude et l’amour et peut ainsi ascensionner dans ses couches supérieures. On dit d’elle qu’elle a « pris air » en se mettant en « prière » ! Simple jeu de mot qui illustre leur rapport à une mobilité dans l’aisance, à un état léger et de moindre densité que celui de la matière. Oui, en sympathie avec d’autres, l’âme respire à pleins poumons. Elle a l’impression (vraie !) de retrouver sa qualité de vie originelle.
A propos de L’ECOLOGIE POLITIQUE
Pour faire entendre de l’intérieur sa voix et avancer ses idées, le mouvement écologiste s’est résolu à son tour à jouer dans l’arène du politique en se structurant en tant que force constituée représentant aux yeux de la nation son idéologie. Il s’est donc infiltré en son sein pour placer ses programmes et tenter d’infléchir les lois dans un sens plus global qui tienne compte des rapports du citoyen non seulement avec ses semblables mais aussi, et surtout, avec son environnement, ce dernier ayant été généralement oublié. Il a fallu ainsi créer des partis propres à l’écologie ou bien intégrer cette dernière dans des partis traditionnels nationaux, européens, voire au sein même de l’Organisation des Nations Unies, pour engager autant que faire se peut la vaste transformation économique, sociale et culturelle nécessaire sans altérer la vie. Les choses évoluant, on constate aujourd’hui que tous les partis politiques s’écologisent et reprennent peu à peu leur autonomie.
Proposer au peuple une législation nouvelle qui bouleverse ses habitudes et son économie n’est pas chose facile vu les mesures contraignantes qu’elle entraîne. Les partisans de l’écologie politique (qui a sans conteste ses nécessités) ne peuvent donc se permettre de fixer des mesures trop drastiques que la grande majorité du peuple, comme d’ailleurs la plupart des députés et des sénateurs enchaînés aux suffrages démocratiques, refuseraient. De ce fait, le meilleur compromis possible entre ce qui est idéal (donc radical) et le désordre écologique de l’ancien monde doit être en permanence trouvé. Cette combinaison de la vérité et de l’erreur n’est somme toute qu’une tentative de conciliation – avec le moins de heurts possibles – entre une société en surrégime et les impératifs du vivant pour que soit sauvé ce qui peut encore l’être tout en donnant un minimum de cohérence à l’existence journalière.
L’écologie politique, fixée par ses représentants élus, part du haut des sphères étatiques et redescend vers le peuple en lui donnant les objectifs qu’il peut entendre et accepter sans se révolter. N’étant pas soumise à des époques, à des impératifs électoraux ou à des budgets, l’écologie spirituelle, quant à elle, est au dessus des partis et des intérêts particuliers et temporaires. Elle appréhende les choses de haut et l’Être globalement. Elle est « théocratique », et non « démocratique ». Nous voulons dire par là qu’elle vient du ciel et non des hommes. Par son logos, elle énonce à ceux qui aiment la vie l’« évangile » ordonné et harmonieux DE CE QUI ETERNELLEMENT EST ET DOIT DEMEURER par delà les modes, le temps et les cultures. C’est tout le sens de la phrase biblique : « Je suis l’Eternel, votre Dieu ! » (Lévitique 20,8). Elle vise en priorité le coeur de l’homme et sa conscience. Son cheminement dans la liberté va de l’intérieur vers l’extérieur alors que dans le monde politique son mouvement est autoritaire et de ce fait descend du haut vers le bas, soit des dirigeants vers le peuple. La voie du ciel ne s’impose donc pas mais s’adopte en connaissance de cause. Ces liens de choix ne placent pas l’individu sous la loi mais en elle. Nuances ! L’écologie politique pose sur la vie un regard froid, technique et sectoriel. Elle reste dans une économie laïque traditionnelle dont elle modifie le moins possible la raison d’être ainsi que les buts et les moyens pour y parvenir. Bien plus, elle préserve au maximum le système auquel elle appartient et tente même, par tous les moyens possibles et imaginables, de le sauver quand, prêt à s’effondrer, il vacille dangereusement. A contrario, l’écologie spirituelle regarde l’existence, qui est la demeure de l’Être, avec l’intelligence du cœur tant dans son génie que dans ses matérialisations et fait tout son possible pour « assimiler » sa sacralité grâce à une compréhension des « similitudes » et des rapports que les plans et les formes de vie ont entre eux. Nous parlons ici de la parfaite adéquation entre les phases solides, fluides et aériennes de l’Être. Pour elle et ses suivants, elle est une entité vivante et indivisible dans son tout. L’erreur serait de croire que cette sagesse « d’un autre monde » puisse venir via la politique d’un état. Ce dernier ne peut au mieux que s’en inspirer mais en aucun cas la générer. Nous convenons toutefois que ces deux voies sont aujourd’hui complémentaires autant que nécessaires car, devant l’urgence, rien ne doit être négligé.
Après ce que nous venons de dire, on saisira mieux l’énorme différence (tant dans l’esprit que dans les objectifs) entre une réalisation étatique qui se contente d’aménager des bases erronées et celle venant de particuliers animés par l’amour de l’universel qui seule, grâce à de profondes réformes, accomplit la loi selon qu’il est écrit : « Car toute la loi est accomplie dans une seul parole, dans celle-ci : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Epître aux Galates 5, 14). Et aujourd’hui notre conscience doit embrasser un prochain plus vaste que celui d’hier car il concerne l’environnement, tout notre environnement, le proche d’abord et l’éloigné ensuite. L’écologie politique est, quant à elle, dans l’obligation de trouver le meilleur arrangement possible entre l’idéal que le spirituel nous présente pour la sauvegarde de tout ce qui vit sur la terre comme au ciel et les réalités du moment (2). Ce basculement entre le vieux monde et la construction du nouveau modèle économique, social et écologique ne peut donc être qu’une politique de transition, un premier pas vers la raison de l’Être et sa pérennité, une alternative temporaire conduisant à terme à la maturation, donc à la mutation radicale de la psyché humaine par le « retournement » de sa manière d’être et de faire. A condition toutefois que par ailleurs on lui présente clairement, par la parole et surtout in vivo, une autre vision – logique, cohérente et durable celle-là – qui prenne en compte le vivant dans son intégrité, et ce à toutes les strates de l’Être. Cette représentation de la vérité en quatre dimensions permet conjointement l’évolution et le bien être de l’homme et de la nature dans un pacte d’essence universelle, et non uniquement de politique politicienne qui, ne concernant que les intérêts de la planète, ne saurait ni ne pourrait (ce n’est pas son rôle) redonner à l’homme toute sa dignité dans la transcendance et l’immanence de l’Être. Et principalement la conscience d’une vie commune à tous les plans.
Si au moment des élections nous soutenons sans réserve les initiatives politiques qui vont dans le sens de la protection et de la reconstruction des équilibres, comme habituellement nous soutenons celles qui viennent de toute organisation écologique ou d’écologistes isolés, nous en connaissons toutefois les limites. C’est la raison pour laquelle nous croyons au rôle indispensable de pionniers qui – grâce au soulèvement que procurent la foi, l’amour et l’intelligence – auront réinitialisé leurs mentalités dans un groupement raisonnable et véritablement évolutif, assez en tous cas pour changer de fond en comble leurs relations avec eux-mêmes, leur entourage et le monde.
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